BAe/Mc Donnell Douglas Harrier II – Hasegawa 1/72e
La maquette
Hasegawa a produit une série de Harrier II monoplaces assez complète puisque la maquette a été déclinée en plusieurs boitages comprenant les trois versions principales du Harrier II de l’US Marine Corps (AV-8B, AV-8B NA et AV-8B+) ainsi que au moins deux des trois versions de la Royal air Force en produisant des boites de Harrier GR5 et GR7. Au moment où j’écris, je ne suis pas sur de la sortie d’un boitage de GR9 au 1/72e, chez Hasegawa ou Revell. Cette version est en revanche assez facilement réalisable par combinaison de différentes boites de la série.
Cette avalanche de versions comprend toutefois une limite. Elle met en défaut le sérieux qu’a mis en œuvre Hasegawa pour la déclinaison au 1/72e du Harrier II, les mêmes maquettes au 1/48e étant beaucoup plus complètes et justes.
Il s’agit en effet d’une base très lisse, tout au plus constituant une base de travail correcte. La maquette est trop simplement réalisée (la fermeture des multiples trappes et de l’aérofrein, le cockpit peu détaillé et les tuyères de réacteur obstruées en témoignent). Surtout les versions sont mal déclinées. A partir de la version de base de l'USMC, le AV-8B, première version disponible chez Hasegawa, la marque s'est contentée de proposer des éléments structurels tels que le nez des avions pour différencier les versions, alors que dans la réalité les versions ultérieures de l’USMC et les versions de la RAF regorgent de différences de détails, non traitées ou traitées avec légèreté.
Avec sévérité, l’auteur considère que le Harrier II Hasegawa au 1/72e est une des réalisations les plus dilettantes de la marque au cours des 10 dernières années.
Néanmoins, compte tenu de la bonne qualité générale du moulage, avec une bonne documentation, des accessoires et quelques efforts nous allons chercher à améliorer les deux maquettes auxquelles nous nous confrontons, un Harrier GR5 britannique et un AV-8B+ Harrier II de l’USMC.
Le cockpit
Le cockpit de ces Harrier est d’un basique qui oblige à envisager le détaillage. Nous avons pris deux voies opposées.
L’une, pour le GR5 fait appel à de la photo-découpe à laquelle on associe un siège en résine.
L'autre, pour le AV-8B+, c’est un cockpit en résine Aires qui est utilisé. Oui mais voila, comme pour toutes nos tentatives au 1/72e, le cockpit Aires demande d’énormes efforts d’ajustement et de rabotage aussi bien des parois de la maquette que de celle du set résine, et ce, jusqu’à obtention de pièces translucides.
Nous profitons de cette opération pour découper les trappes moulées fermées, pour dégager les logements de trains d’atterrissage, qui seront eux-mêmes remplacés par des ensembles en résine également.
La construction du fuselage
Après la préparation du cockpit, le gros travail consistera au montage du fuselage et de la pointe avant. Le montage se fait relativement aisément du fait de la qualité des ajustements de la maquette. Une première étape préalable consistera, pour toute maquette d’avion au sol, par la découpe de l’aérofrein. En effet, sur toutes les versions du Harrier, la sortie du train d’atterrissage s’accompagne obligatoirement de l’ouverture de l’aérofrein.
La seconde étape consiste en la préparation de la pièce représentant l’entrée d’air et le premier étage du compresseur. Le premier étage de réacteur est peint en couleur métallisée, tandis que les joues d’entrée d’air sont peintes en blanc. Un peu de relief sera créé sur cette pièce avec un jus de peinture noire qui donnera de la profondeur aux aubes du réacteur.
Une attention un peu plus soutenue est accordée au montage de la version américaine, puisque nous avons décidé d’ouvrir tous les logements des trains et de la détailler avec les sets résine disponibles.
Une fois les demi-fuselages construits et les entrées d’air mises en place, celles-ci doivent être retravaillées.
Hasegawa tente bien de proposer les portes additionnelles d’entrées d’air dans une configuration proche de celle d’un avion à l’arrêt c'est à dire trappes additionnelles supérieures ouvertes.
Malheureusement l’angle d’ouverture de ces portes est bien plus important sur un avion réel. Les 4 portes supérieures sont donc découpées, puis recrées en carte plastique fine et repositionnées avec un angle d'ouverture plus important.
A ce stade, un important travail de documentation et de différenciation des versions est nécessaire.
Pour la version GR5 – et d’ailleurs pour toutes les versions britanniques – Hasegawa a purement et simplement omis tous les éléments d’autodéfense spécifiques. C’est ainsi qu’il est nécessaire de reconstruire en carte plastique taillée en forme le carénage du système de leurres juste derrière l’aérofrein. Il faut également rajouter tout à l’arrière de l’appareil, au niveau de la quille deux excroissances correspondant aux carénages de deux éléments du système de défense de l’avion.
Pour le AV-8B+ également des ajouts sont à prévoir en carte plastique. Egalement au niveau de la quille, plaqués contre le fuselage, deux carénages ressemblant à des évacuations de gaz sont à rajouter.
La construction des ailes
Les ailes se montent facilement. Pour les deux versions choisies les LERX (Apex) de voilure correspondent bien au modèle.
Pour le Harrier GR5 le montage est direct pour la voilure principale et les extensions de bord d’attaque. Il s’agit bien des LERX dits 65% fournis dans la boite qui équipent la version. J'ai toutefois remplacé la cloison verticale qui se trouve sur le bord d’attaque, à mi-envergure par une pièce en photo-découpe, bien plus fine. C’est en revanche au niveau des saumons d’ailes, qu’une fois de plus Hasegawa pêche par simplification outrancière. Une série de bulbes est donc ajoutée, une fois de plus correspondant à ce que nous pensons être des carénages du système de protection de l’appareil spécifique aux versions britanniques.
Pour le AV-8B+ les pièces fournies pour les ailes et leurs extensions sont correctes, les AV-8B+ étant équipés du LERX dit 100% de profil plus épais et plus évolutif. En revanche ces LERX sont équipés de prises additionnelles du type « frog eye » (yeux de grenouilles) qui ne sont pas fournies par Hasegawa. Elles sont donc reconstruites en carte plastique mise en forme à la lime. 4 pièces sont à réaliser et le plus compliqué est de les construire identiques avant de les coller en place.
Après montages des ailes, celles-ci sont ajustées avant un léger masticage et ponçage au grain de plus en plus fin pour obtenir des surfaces lisses et continues qui préparent à la peinture du modèle.
La construction des sous-ensembles et détails
Il s’agit :
- du montage et de la peinture des pylônes (6 pour la version US sous les ailes, 8 pour la version britannique)
- des cloisons de sustentation latérales montées dès lors que les carénages canons ne sont pas en place pour améliorer les performances de l’avions en mode vertical
- de la cloison de sustentation avant, placées derrière le train avant, ouverte dès que le train d’atterrissage est sorti. La pièce d’origine est remplacée par une planche en photo-découpe plus fine et plus détaillée sur les deux modèles
- du train d’atterrissage et balancines peints en blanc et sur lesquels quelques détails habituels (tuyauterie hydraulique, phares, crochets d'amarrage) ont été ajoutés selon la documentation. Comme d’habitude les pistons d’amortisseurs sont peints en chrome. Un jus sépia accentue ensuite les détails et donne un peu de patine aux pièces.
- Des tuyères de réacteurs qui sont peut être l’expression la plus évidente du traitement dilettante d’Hasegawa de cette maquette. Ces pièces nécessitent un véritable travail consistant à creuser et affiner les sorties d’air du réacteur avant de cloisonner les deux tuyères arrières. Les tuyères avant correspondent à l’éjection des gaz froids et sont normalement peintes dans les couleurs du camouflage de l’avion, tandis que les tuyères arrières correspondent à l’éjection de gaz chauds et sont métal brulé.
- A ce stade la verrière est détaillée en fonction des éléments de photo-découpe ou carte plastique disponibles.
Une fois ces éléments préparés, ils peuvent être mis de coté en attente de montage final. Les diverses antennes sont ajoutées avant de passer à l’étape peinture.
Peinture et vieillissement
Le Harrier GR5 reçoit le premier camouflage opérationnel des Harrier II de la RAF. Ce camouflage est original puisque semble t il aucun autre avion de l’arsenal britannique n’a reçu ce camouflage en deux tons de vert : Nato Green dessus et Lichen Green dessous. De façon très exceptionnelle, n'ayant trouvé cette combinaison de couleurs, et particulièrement le très spécifique vert lichen, que dans la gamme Xtracolor, je suis repassé aux peintures enamel que je dilue au White Spirit pour application à l'aérographe. L'avantage spécifique, et le concept de la gamme Xtracolor, est de proposer toutes les peintures dans une formule brillante afin d'obtenir un fini lisse qui évite les phases de préparation (vernis brillant) à l'application des décalques. La ligne de séparation des couleurs de camouflage, franche et compliquée, oblige à un travail préparatoire de masquage. Outre une très forte odeur pour l'ensemble des peintures Xtracolor, la gamme est de très bonne qualité, avec un grain fin, un très bon pouvoir couvrant pour les deux couleurs et une très belle tension, laissant des surfaces lisses et nettes après application.
Le Harrier américain, lui, reçoit le camouflage gris trois tons le plus courant des Harrier II américain, qui est en cours de remplacement par un camouflage deux tons plus foncés. En revanche Hasegawa a fait une erreur massive sur la description de ce camouflage sur toutes les boites que je connais. En effet Hasegawa interprète ce camouflage comme correspondant aux couleurs habituelles des camouflages tactiques (TPS) des avions américains (FS36375, FS36320 et FS35237) alors qu’il n’en est rien. Le camouflage 3 tons des Harrier II de l’USMC utilise une combinaison de gris unique (FS36320, FS36231 et FS36118) pour un avion tactique à réaction. La disponibilité de ces couleurs m'a dans ce cas permis de rester fidèle à mes gammes acryliques habituelles Gunze et Tamiya.
A mon habitude les décalcomanies sont posées directement sur la peinture, avec utilisation d'assouplissant mais sans couche intermédiaire de vernis brillant. Pour les deux avions les décalcomanies proviennent directement des boites. Elles sont complètes et de bonne qualité.
Quelques effets de vieillissement sont effectués. Relativement discrets sur le GR5, ils sont un peu plus marqués sur le Harrier des Marines.
Un petit coup d'œil aux photos disponibles permet de vérifier la façon dont les détails tels que panneaux ou antennes sont peints.
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Finitions
Une fois ces étapes de mise en couleur réalisées, il reste principalement à mettre les-sous ensembles en place.
Pour ce qui est du collage du train d'atterrissage, la configuration avec balancine demande un peu d'attention pour bien avoir les 4 points d'appui au sol. Pour me le garantir, je colle d'abord la jambe de train avant et les balancines. Une fois ces éléments solidement fixés en place, j'ajoute le train principal puis je pose la maquette pendant séchage du train principal sur ses roues. Le poids de la maquette tend à positionner exactement ce quatrième point d'appui dans la bonne position pour garantir que toutes les roues sont au sol.
Les différentes trappes, l'aérofrein et les pylônes sont collés en position.
Les verrières sont collées ouvertes. Toujours de façon spécifique pour les Harrier, la petite échelle rétractable d'accès, situées à droite sous l'entrée d'air doit être confectionnée en plastique étiré. En effet dans la réalité cette échelle est connectée au système d'ouverture de la verrière et est obligatoirement descendue quand la verrière est ouverte.
Conclusion
Amateur de l'avion, partisan de lignes de structures en creux et habitué de la qualité de moulage de la gamme, je suis resté fidèle à la marque pour le montage de mes Harrier II. Il s'agit d'une base correcte pour ses qualités générales mais pour laquelle ont peu regretter un travail de documentation très limité, d'autant plus surprenant de la part d'Hasegawa qui a précisément établi sa gamme en déclinant les versions, généralement assez correctement. Il s'agit plus probablement d'un parti pris de simplification puisque les Harrier de la gamme au 1/48e ne semblent pas souffrir de ce même défaut. Ceci dit, moyennant quelques efforts de détaillage, c'est avec plaisir que j'intégrerai ces deux maquettes à ma petite collection. |