Fanakit | Montages | Dassault Mirage IVP heller 1/72ème

    Mirage IVP

Mirage IV A converti IV P

heller 1/72

Les 12 travaux d’Hercule

Dans l’Armée de l’Air , demandez à quelqu’un de Reims ou Colmar quel est le plus bel avion , il vous répondra le F1. Ceux de St Dizier ne jurent que par le Jaguar et la communauté du 2000 lui reste fidèle. Pourtant évoquez devant tous ces gens le Mirage IV et tout le monde sera d’accord. J’ai eu la chance de pouvoir travailler quelques années sur cet avion quasi mythique et toujours entouré d’un certain secret . A mon départ de Bordeaux Mérignac je serrai contre moi la bonne vieille maquette du Mirage IVA HELLER , avec plein de projets pour elle , projets qui se concrétisent aujourd’hui.

Parmi la documentation conséquente sur l’appareil , je suis resté au plus simple et accessible , du moins pour les généralités , à savoir le n°127 de REPLIC et l’excellente saga parue dans AIR FAN en 1994 / 1995 ( plans au 1/72ième ). A avion exceptionnel travail exceptionnel , le détaillage tel que je l’ai entrepris s’est basé sur une série de photos personnelles ainsi que sur de la documentation technique officielle , qui ne sont évidemment pas à la portée de tous pour le moment.

Moulée en 86 pièces de plastique vert , la maquette est correcte en dimensions à 1 ou 2 mm près , n’en déplaise aux puristes ,  on est au 1/72ième. Elle souffre toutefois de défauts importants auxquels je me suis attaché à remédier à l’exception d’un seul comme nous le verrons plus loin :

  1. perche de ravitaillement conique et trop fine à son extrémité
  2. radôme trop rond
  3. capotages des servocommandes gouvernes ( sous les ailes ) beaucoup trop fins
  4. pylônes des bidons totalement faux
  5. dérive trop étroite à sa base et de forme incorrecte en haut

A ces défauts de formes s’ajoutent les points noirs classiques que l’on retrouve sur la majorité des maquettes :

  1. gravure en relief
  2. sièges éjectables simplistes
  3. trains d’atterrissages et logements sans détails
  4. tuyères manquant de profondeur et aux volets simplifiés

La conversion en Mirage IVP se résume finalement en quelques points particuliers :

  1. planche de bord du navigateur différente
  2. pose d’un plancher voûte bombe
  3. suppression de certaines antennes et rajout d’autres
  4. missile ASMP , pods CME Barracuda et Boz ( avec leurs pylônes ) en charges externes
  5. lance leurres sous le fuselage à l’arrière

Les opérations non prévues par la notice de montage vont comprendre :

  1. ouverture et détaillage de 10 soutes à équipements ou trappes de visites
  2. ouverture du logement parachute frein
  3. réalisation de fusées JATO avec les bâtis
  4. la représentation du Mirage IVP n°61 de l’EB 1/91 basé à Mont de Marsan

Désireux d’ouvrir quelques soutes et panneaux significatifs , c’est par leur découpe que je commence le
 montage ( en partant de l’avant ) : logement de la réserve d’oxygène , soute radio droite , soute batterie , soute inférieure centrale aérodynamique /commandes de vol , soute SERVAL , soute feu anticollisions inférieur , soute électronique principale , soute cœur électrique gauche et les deux trappes de visites supérieures des réacteurs. Puis le fuselage est entièrement poncé et la gravure reprise en creux selon le plan d’AIR FAN.
                En l’absence de photodécoupe ou de kit d’amélioration dans le commerce , le cloisonnement et le « remplissage »des logements ainsi ouverts devra se faire avec les moyens du bord , chutes de plastique , étiré , fil de cuivre etc... je reporte la mise en peinture de tout cela à plus tard.

                On ne trouve pas non plus d’insigne du 1/91 Gascogne actuellement dans le commerce. Sa réalisation doit donc se faire à la main et comme il était plus facile de travailler à plat , j’ai donc découpé la dérive sur chaque demi fuselage. Une fois poncées et regravées , ces deux parties sont assemblées et l’insigne y est peint. J’avoue ici ne pas être parvenu à écrire « GASCOGNE »de façon lisible , c’était vraiment trop petit. Mon œuvre d’art est alors soigneusement masquée pour le reste des opérations.

                Si vous préférez fermer les verrières pour conserver la belle ligne de l’avion , ne vous attardez pas sur les habitacles , c’est sombre et les vitres laissent apparaître peu de choses. Pour ma part je me suis au contraire penché sur cet endroit . La pièce HELLER sert de base pour rajouter quelque éléments caractéristiques comme les manettes des gaz et la molette pour diriger l’avion au sol , en place avant ;le mini manche de commande radar , deux porte-cartes , deux appareils photo et les boîtes du pilote automatique  , en place arrière. Les deux planches de bord sont poncées , peintes en gris 27 de HUMBROL comme le reste de l’habitacle , et l’instrumentation y est représentée à partir de décalques tirés du rab. Un petit morceau de plastique transparent vient recouvrir l’écran du Dispositif Optique Asservi (bref un périscope) sur la planche de bord navigateur.  

                Avec toutes ces découpes , l’assemblage du fuselage en 4 parties est délicat. Puis il faut rajouter la perche de ravitaillement. La pièce d’origine étant trop fine et conique , une nouvelle perche est réalisée à partir d’un morceau de grappe de la maquette (finalement on a tout sous la main !) , à l’extrémité de laquelle j’ai collé un nouveau gland tiré de la boîte à rabiot. Il reste à mettre en place la dérive , ce qui amène une autre correction qui consiste à en élargir la base par ajout d’une bande de carte plastique de chaque côté. Une bien longue séance de masticage/ponçage/regravure va suivre pour faire disparaître tous les joints et petits défauts de surface.

                La préparation des voilures ne sera pas plus rapide. Les élevons sont découpés , une ouverture rectangulaire est pratiquée au centre des logements aérofreins et une empreinte en pâte à modeler est prise sur les capotages servocommandes à l’intrados. Cet intrados rejoint le fuselage , puis chaque extrados. Les joints ailes/fuselage disparaissent selon la méthode habituelle , on en profite pour éliminer les petites antennes des contre-mesures Agacette sur les bords d’attaque des ailes , caractéristiques d’un Mirage IVA. Avec de la récupération de morceaux de plastique cylindriques (trains d’atterrissages par exemple) j’ai confectionné une nouvelle antenne CME en bout d’ailes , correspondant au système SERVAL du Mirage IVP.
                Les élevons sont collés en position basse. Les empreintes de pâte à modeler sont reprises à l’aide d’une petite spatule afin de les élargir et les rallonger. De nouvelles pièces peuvent être réalisées en coulant à l’intérieur du plastique (grappes)fondu dans du trichlo . Après un long séchage ( comptez une bonne semaine ) , elles sont positionnées sur la maquette et mises en forme par ponçage. La cellule est désormais assemblée.

                Les trains d’atterrissage  et leurs logements servent de base à l’amélioration classique tuyauteries , durits , câbles électriques etc … il faut rajouter sur le côté gauche du train avant la longue biellette de commande de la dirigeabilité au sol. Attention au positionnement des pièces 18 qui ne sont pas au milieu des logements trains principaux mais sur la paroi avant de ceux ci. Supprimer les deux petites antennes sur la trappe avant  et boucher les cavités sur la face interne des trappes principales. Chacune de ces trappes sera collée en ajoutant les charnières et les vérins de rétraction. Les pièces 9 et 10 seront peintes à part et collées plus tard. Un autre vérin ( en fait un contact électrique de petite taille ) avec ses deux tuyauteries hydrauliques est placé dans chaque logement aérofreins , dans l’ouverture rectangulaire que nous y avions pratiquée. En fait seul l’AF supérieur est poussé par le vérin , l’AF inférieur suit grâce à une bielle de rappel. Les aérofreins eux mêmes ne seront collés qu’après peinture.

                Retour en cabine avec peinture de la casquette du tableau de bord et la pose du pare brise. Ce dernier est ensuite masqué ainsi que les habitacles. Les manipulations se faisant moins nombreuses , on peut commencer à coller d’autres éléments en partant de l’avant : antennes AGASOL sur le nez (carte plastique) , complétées par 4 antennes plates à même le fuselage (étiré) ; les deux pitots , l’antenne SERVAL inférieure , l’écope gauche sous la phare de ravitaillement (elle avait disparu lors du ponçage du fuselage) et une antenne sabre derrière la radôme. Sont alors confectionnées à part les trappes du logement commandes de vol , de la soute SERVAL et celle de la grande soute supérieure  , avec leurs faces internes détaillées et les verrous ouverts.

                Je préfère en général coller les pylônes des charges externes avant peinture. Mon Mirage IV P sera en configuration nucléaire classique avec un ASMP en ventral , deux bidons ( affiner les ailettes et rajouter renforts en carte plastique ) , un pod Barracuda à gauche et un pod Boz à droite. Tous les pylônes sont fabriqués à partir de pylônes en rab , mis à la bonne forme. L’ASMP provient du Mirage 2000N HELLER , le Barracuda de la boîte d’armements HELLER et vous trouverez un beau pod Boz avec le Tornado REVELL ( à modifier un peu ). Nous voilà arrivés à l’arrière de l’appareil , où la mise en place de la prise d’air inférieure met un terme au travail sur le dessous de la bête. On remonte sur les côtés du croupion pour poser les deux blocs SERVAL , une boule de pâte à modeler va représenter le parachute frein au fond de son logement , dont les portes sont fabriquées en carte plastique.

 

                La peinture va pouvoir enfin commencer. HELLER préconise les références gris 27 et vert 102 en HUMBROL. Franchement aucune de ces teintes ne m’a convaincu ! Une couche d’apprêt en gris 64 est passée sur la maquette pour faire apparaître les dernières imperfections de surface à corriger dans une ultime séance de ponçage. En ce qui concerne le gris , j’ai opté pour du Dark Sea Grey éclairci à environ 50% avec du blanc. Deux couches sont appliquées sur l’ensemble de l’avion et les bidons. Le temps de séchage est mis à profit pour confectionner des caches en papier qui vont être mis en place avec de petites boules de Patafix , en laissant 1 mm d’écart avec la maquette pour que la délimitation des teintes ne soit pas trop nette ( une application directe à main levée du vert à l’aérographe entraînerait un flou trop important pour l’échelle du modèle ). Le vert doit vraiment contraster avec le gris. J’ai utilisé du Humbrol 163 foncé à environ 20% avec du noir. En utilisation opérationnelle les Mirage IV ont subi de multiples retouches de peinture quelquefois assez éloignées des teintes initiales ; de même un appareil au retour de mission laisse apparaître des différences de teintes sur certains panneaux à cause d’écarts de températures. Le tout peut donner une sorte de patchwork qu’il est intéressant de représenter. Les teintes de départ sont donc reprises et légèrement modifiées pour repeindre certains panneaux , l’opération est aussi répétée avec du gris 27 et du vert olive 86 dans une moindre mesure.

Les intérieurs des accès ouverts et des logements de trains vont demander un long travail de peinture. Le radôme ventral prend différentes teintes selon les avions mais j’ai opté pour du brun 26 avec un cerclage alu mat 56. Les antennes sont également peintes à ce moment là , ainsi que les bandes rouges sur les entrées d’air. pour éviter des ouvertures et fermetures intempestives de pots de peinture , je conseille de lister précisément par couleur les éléments à peindre. On n’oublie pas les éléments externes mis de côté jusqu’à présent : pods , bidons , roues etc… les roues sont enfin collées , agrémentées d’une petite marque rouge de concordance pneu-jante. Il ne reste plus qu’à repasser les lignes de structure et les différents panneaux à la mine graphite avant application d’une couche de vernis brillant , préalablement à la pose des décalcomanies.

                Après quelques recherches mon choix s’est porté sur le Mirage IV P 61 codé CH , qui a fait la couverture du magazine Air Actualités en Novembre 2001. C’est l’appareil le plus facile à représenter à partir des décalques HELLER puisque on y trouve le Mirage IV A 61 codé CH ! on y piochera également un maximum de stencils et autres inscriptions. Le code CH paraît un peu surdimensionné pour un IV P mais…par contre il faut tirer de la boîte à rabiot des cocardes de petites dimensions dépourvues de liseré jaune et des bandes de délimitations des zones de marche. Ces dernières proviennent de planches de décalcomanies de Mirage F1C HASEGAWA où la couleur jaune a été patiemment recouverte de peinture verte. Mes photos font aussi apparaître ces délimitations rouges à l’intrados de l’avion mais faute de matière j’ai négligé ce détail sur la maquette. Une couche de vernis satiné vient fixer le tout.

                Les tuyères sont le dernier point à améliorer car comme d’habitude elles sont simplifiées à l’extrême : pas assez de profondeur et volets incomplets. D’après mes mesures effectuées sur un réacteur M53P2 de Mirage 2000 ( la distance entre les anneaux brûleurs et le bout de la tuyère ne doit pas varier beaucoup d’un avion à l’autre ) il faut reculer le fond à 2,5 cm. Le fond est découpé sur les pièces HELLER , puis de nouveaux canaux sont confectionnés en bristol. Chaque canal est refermé avec.. une demi roue de F14 dont la jante représente bien les rampes  PC. A l’autre extrémité l’anneau de tuyère est poncé à la moitié de son épaisseur pour figurer la couronne des volets chauds. Sur chaque volet chaud va être rajouté un volet froid muni de sa bielle de commande. La couronne externe de tuyère doit ainsi comporter 18 volets froids. Je vous assure que c’est presque plus difficile à expliquer qu’à réaliser ! Un léger ponçage va uniformiser un peu la surface des couronnes de volets avant peinture en Gunmetal 53 +alu 56 avec un jus de noir. Les deux ensembles sont fixés dans leurs logements à la super glue.

                L’ajout d’un ensemble JATO va donner un plus indiscutable à notre modèle. Les bâtis sont fabriqués à partir de divers morceaux de trains d’atterrissages pour leur aspect tubulaire , ils sont peints en rouge. Il n’a pas été facile de trouver quelque chose d’approchant et surtout en quantité suffisante pour représenter les fusées d’appoint. j’ai finalement opté pour des corps de bombes US tirées des bonnes vieilles maquettes Airfix du B17 et du B26. elles sont peintes en gris très clair.
                Il est grand temps de monter toutes les charges externes avant de poser la maquette sur ses roues et de terminer les habitacles et les verrières .

                Les sièges éjectables sont de vieux modèles en métal Aéroclub sur lesquels il suffit d’ajouter les poignées d’éjection , le reste n’étant qu’une question de peinture. Un vérin de rétraction verrière est collé derrière chaque tête de siège ainsi que deux petites poignées à l’intérieur , à la base de l’arceau du pare-brise : une verte à droite ( verrouillage/ouverture verrière ) et une rouge à gauche ( commande parachute frein ). Un détail particulièrement visible est la présence sur le côté droit des habitacles des plaquettes de fréquences radio.
                Chaque verrière est munie à l’intérieur de volets d’occultation noirs ( papier Canson de couleur ) et de deux rétroviseurs pour la canopée avant. Le joint autour des vitrages est préalablement peint ( couleur assez claire , crème par exemple ) puis la couleur extérieure des verrières est appliquée en laissant un tout petit filet clair.

                Un si bel avion méritait un hommage tout particulier , avec en prime l’attachement dû au premier avion sur lequel on a travaillé au sein de l’Armée de l’Air .Les efforts fournis trouvent leur récompense en contemplant la maquette terminée présentée sur un miroir pour montrer ses dessous. On ne peut de toutes façons que se contenter du modèle Heller dont les défauts ne sont finalement pas insurmontables. Il subsiste quelques petits loupés dans ma réalisation , certains visibles , d’autres moins ( mais la maquette parfaite existe t’elle ?).
 Le montage a réclamé environ 150 heures de travail répartis sur 4 mois. Aux 86 pièces d’origine se sont ajoutées exactement 303 éléments « maison » en comptant le moindre bout d’étiré , morceau de câblage , cloison en carte plastique ou boîtier électronique. On pourrait bien sûr aller un peu plus loin  dans les détails avec par exemple les échelles caractéristiques ou la représentation des sécurités. Mais après pourquoi pas les pilotes , les mécanos , les groupes et …la base aérienne ! Il faut savoir s’arrêter , à moins de réaliser une maquette par an en vue de grands concours , ce qui est loin d’être mon ambition !

 

 Maquette Laurent Moreno

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