AVRO ANSON MK1
Airfix 1/72
Faithfull Annie (Annie la fidèle), tel était le surnom de ce bimoteur d'entraînement pendant la seconde guerre mondiale, un appareil méconnu qui utilisé aussi en combat au début du conflit. Il vient d'être à l'honneur avec la sortie du modèle SPECIAL HOBBY mais c'est ici du bon vieil AIRFIX (1962!) dont il s'agit, racheté à vil prix à un copain il y a 10 ans (mon dieu que le temps passe vite!). Pour s'approcher du standard actuel, l'aide de la photodécoupe FLIGHTPATH sera précieuse. Quant à la décoration, je n'arrivais pas à me décider : outre la RAF, l'avion a été utilisé par l'Australie, la Finlande, l'Estonie, l'Irlande, la Grèce, la Turquie, l'Egypte, l'Irak, le Canada, l'Afrique du Sud et bien sûr la France. Cette relation entre notre pays et le petit bimoteur a concerné l'Armée de l'Air et l'Aéronavale, au delà de la guerre car il fut utilisé jusque dans les années 50, à l'Ecole de l'Air de Salon de Provence notamment. Bien que très friand d'exotisme, pour une fois je voulais réaliser un appareil français et mon choix s'est porté sur une machine des FAFL en Afrique.
Une fois la décision prise, je dis toujours que le plus dur est fait, car de là va découler toute la motivation nécessaire pour vaincre les obstacles que nous oppose une maquette, et dans ce cas il y en a quelques uns. Si le kit lui même est à la base très simple, la notice de la planche de photodécoupe n'est pas très explicite. Au préalable, une étude soignée de celle-ci, de la notice AIRFIX et de la documentation est nécessaire, surtout pour l'aménagement de la cabine. Au niveau doc, des montages au 1/48 sont accessibles sur le net, et la maquette SPECIAL HOBBY a été montée dans Wingmasters 62 de janvier/février 2008.
LE MONTAGE :
Le plus gros travail de détaillage va être réalisé au niveau de l'importante cabine, pour laquelle la photodécoupe simplifie énormément la tâche. Bien sûr on peut s'en passer, tout est faisable avec un peu de recherche. L'intérieur des demi fuselages doit être préparé : élimination de certaines parties (indiquées sur la notice de la planche de photodécoupe), caches pour masquer les logements des ailes et mise en place d'un plancher cabine (en plus du poste de pilotage) pour cacher le disgracieux joint en fond d'habitacle.
Les grandes pièces en métal (1 et 2) sont censées représenter la structure interne tubulaire de l'habitacle, ce qui est impossible en photodécoupe où on n'a que des pièces plates. Mais nous sommes au 1/72 et l'illusion sera parfaite derrière les vitrages. Pendant que le temps de collage du plancher pilote, on en profite pour préparer le tableau de bord, le manche, les sièges (mélange de pièces du kit, de photodécoupe et d'étain pour les sangles) et le bloc radio. Tous ces éléments se positionnent comme convenu à l'intérieur du fuselage.
Un dernier ajout consiste à créer la cloison interne arrière qui masque le bas de la tourelle. La mise en peinture débute avec le classique vert intérieur (HUMBROL 78), teinte qui sera ensuite « travaillée » avec les techniques habituelles de vieillissement (brossage à sec pour éclaircir les arêtes, jus pour mettre en valeur les creux, complété par une touche de peinture à l'huile sienne naturelle). Les autres éléments recoivent eux aussi les couleurs adéquates.
Avant de fermer le fuselage, il faut anticiper la suppression de la tourelle, absente sur l'appareil choisi. Des morceaux de grappe en plastique viennent commencer à obstruer le logement. Du mastic est ensuite ajouté par l'intérieur. Les supports de maintien des vitres de toit sont enlevés au cutter et on assemble enfin le fuselage. Le tout une fois sec, le trou de la tourelle est définitivement comblé au mastic par l'extérieur, ainsi que les autres joints visibles. Comme le précise la notice de la planche de photodécoupe, les parties transparentes de la maquette sont inutilisables, les armatures de tous les vitrages sont fournies en métal, à notre charge de fabriquer les vitres. Si cela s'avère simple pour les flancs et les vitres de toit (simple à fabriquer mais plus difficile à mettre en place), c'est différent pour le pare brise. J'ai opté pour une solution intermédiaire sur ce point, à savoir une modification de la pièce 18 de la maquette : suppression de la partie supérieure avec ce disgracieux point de coulée pour y adapter l'armature en métal et un nouveau panneau transparent en dessous. Pour le moment seule la pièce 18 découpée est mise en place. Il est temps de poncer les joints et de mettre en forme le « bouchon » de mastic sur le logement de tourelle.
Les stabilisateurs arrières sont repris par ponçage de façon à donner une forme plus en pointe aux extrémités (voir photos de la maquette SPECIAL HOBBY dans Wingmasters).
J'ai suivi dans un premier temps la notice AIRFIX concernant le montage des trains d'atterrissage et des voilures. Après avoir fixé les premiers, un montage à blanc des deuxièmes a montré deux choses : les ensembles 26/27 et 30/31 empêchent un assemblage correct des demi voilures (intrados en retrait) et les trains semblent courts, l'avion est ainsi beaucoup trop bas.
D'abord, un renfort a été inséré au fond des extrados au niveau des fixations des jambes de trains, cette nouvelle pièce affleure (1mm de retrait à l'intérieur) le bord du logement de train (fuseau inférieur). Ainsi , avec les pièces 29 et 33 de la maquette, poncées sur 2 mm, on retrouvera PLUS TARD une longueur correcte des trains. N'ayant aucune doc, ce point reste bien sûr subjectif et lié à un impression visuelle. J'ai dit « plus tard » car avec nos renforts, on peut assembler les ailes, les coller au fuselage et s'occuper des trains ensuite.
Les ailes rejoignent le fuselage, la maquette commence à ressembler à quelquechose. Les joints aux karmans sont soigneusement mastiqués et poncés, il y a beaucoup plus à faire au niveau des intrados.
Les capots moteurs avec ce disgracieux joint en plein milieu nécessitent aussi un peu de ponçage qui sera moins appuyé sur les bossages pour ne pas trop les écraser. La couronne des fils d'allumage en photodécoupe est installée et chaque moteur est collé à son emplacement.
A ce stade il est temps de revenir aux trains d'atterrissage. D'apparence compliqués, ces derniers se fixent en fait sur les renforts que nous avons placés au fond des logements. Ce qui permet d'obtenir une longueur plus réaliste des trains. Les beaux volets en photodécoupe sont installés aussi ( je n'apprécie que moyennement l'aspect « millefeuilles »proposé par FLIGHTPATH), le tout sèchera en même temps que les trains. La configuration de la maquette oblige à monter les roues avec les jambes de trains. On colle également la roulette de queue et on en profite pour ajouter les durits sur les trains principaux..
L'étape suivante consistera à coller de multiples détails en photodécoupe sur le fuselage, à l'exception des vitrages, qui sont fabriqués aux dimensions adéquates afin de s'insérer dans les logements prévus. Les armatures en photodécoupe viendront se superposer en surépaisseur, ce qui n'est pas conforme à la réalité pour certaines parties mais çà passe bien étant donné l'aspect un peu désuet de l'appareil. C'est surtout au niveau du pare brise et autour du poste de pilotage que ces associations entre pièce d'origine et photodécoupe seront les plus délicates. A ce sujet, j'ai testé le passage des vitrages au Klir et leur mise en place à la superglue classique, çà marche! Aucune opacité des vitrages à causes des vapeurs de colle.
Les photos du montage dans Wingmasters montrent certains détails sur les moteurs absents dans la maquette AIRFIX, à savoir un drain et une tubulure d'échappements. Ils sont ajoutés en étiré. Les deux petits hublots supérieurs sur le nez sont percés (miniperceuse).
LA PEINTURE :
Après avoir soigneusement masqué toutes les parties vitrées, une légère couche d'apprêt a fait apparaître les quelques petits défauts de surface à éliminer. Puis un pré-ombrage de noir est appliqué sur les lignes de structure. Le vieillissement est important étant donné la décoration choisie (le climat africain mettait la peinture des avions à rude épreuve), et il faut le préparer dès le départ.
Les surfaces inférieures reçoivent un mélange à 50% de gris 64 et bleu ciel 65 HUMBROL, assez dilué. Le lendemain toutes ces surfaces sont masquées, ainsi que les parties supérieures qui seront de couleur sable. Malgré tous mes efforts de masquage, il y a toujours un endroit où se glisse ma seconde teinte, avec les retouches que cela entraîne. Aussi je commence plutôt par la teinte la plus foncée, plus facile à rattraper que la teinte claire en cas de retouche.
Les surfaces supérieures seront donc en brun (HUMBROL 29 classique) et sable (HUMBROL 93 éclairci à 40% de blanc). Ces teintes sont suffisamment diluées pour mettre en valeur le pré-ombrage et appliquées dans cet ordre. Evidemment les caches seront passés d'une teinte à l'autre dans la manoeuvre.
Le travail de vieillissement débute vraiment avec la reprise de ces couleurs panneau par panneau. Ayant encore du mal à travailler à l'aérographe dans ce domaine (avec de la peinture GUNZE je me débrouille mais pas avec de la HUMBROL), c'est donc « à l'ancienne » que j'ai opéré. Il suffit d'un vieux pinceau 000 où il ne reste que quelques poils, un autre pinceau 00 normal et des tubes de peinture à l'huile, en l'occurence sienne naturelle, blanc titane et jaune de Naples. Ces trois couleurs permettent de retrouver les teintes de base du camouflage de notre maquette, en les éclaircissant un peu plus. De petits ajouts sont appliqués au centre de chaque panneau ou partie de l'avion, avec le 000, puis brossés avec l'autre pinceau.
On obtient ainsi l'effet voulu, sans prendre le risque de tout gâcher avec une application de peinture trop diluée ou trop large à l'aérographe. Seul inconvénient : 2 bonnes heures de traitement par couleur et un temps de séchage très long des huiles. Le soleil étant à l'origine de la dégradation du camouflage, bien évidemment rien n'est entrepris en dessous de l'avion.
Nous poursuivons par les éraillures et usure des bords d'attaque. Ces traces d'usure sont réalisées aux endroits stratégiques (panneaux d'accès aux moteurs par exemple) susceptibles d'être dégradés en utilisation, par application de toutes petites touches de peinture argent. Cette teinte est aussi brossée sur les bords d'attaque et sur l'intérieur des moteurs. Attention bien sûr aux parties entoilées ! Les lignes de structure, qui n'ont d'ailleurs pas été regravées en creux, sont soulignées à la mine graphite. Aux endoits où elles ont disparu suite au ponçage, elles sont directement redessinées sur l'avion, ce qui suffit souvent à cette échelle.
Le plus gros est fait. Il nous reste à peindre les échappements, les pneus, le canon de la mitrailleuse latérale, le drapeau sur le gouvernail, l'intérieur des volets, les carters internes des moteurs et quelques ultimes retouches de ci de là.
Les hélices sont préparées à part, peintes en noir avec les bouts de pales jaunes et un brossage argent des bords d'attaque. Il en est de même pour la porte d'accès latérale. Une bonne couche de Klir est passée sur l'ensemble de la maquette, pour fixer tout notre travail de peinture et préparer la pose des décalcomanies.
LA DECORATION ET LES FINITIONS :
En découvrant la planche de décalques Mini Print 72542, tel Archimède j'ai pu m'écrier « eureka! ». Il existe des clichés d'Avro Anson Mk1 des FAFL basés à Dakar en 1944 et la marque MPD nous propose de réaliser un appareil sur lequel a servi entre 1943 et 1945 un navigateur tchèque qui doit être célèbre dans son pays. La décoration se limite à 6 cocardes (celles de fuselage sont plus petites et portent un liseré jaune), deux croix de lorraine et l'immatriculation EG352. Ayant reconstitué le tout à partir de ma boîte à rabiot, je me suis passé de la planche MPD. Un seul doute subsiste quant à la couleur de la croix de Lorraine, ici en bleu (comme sur les Lysanders et Hurricane) mais qui pourrait bien être rouge comme sur la planche MPD et sur les Blenheims.
Au chapitre des finitions, je reprends les lignes de structure à la peinture à l'huile sienne naturelle (petites touches et brossage comme je l'ai déjà décrit plus haut), y compris sur les cocardes pour les intégrer à l'aspect général de la maquette. Un jus de noir dilué est diffusé par capillarité le long des charnières de toutes les gouvernes (comme nous sommes encore sur des surfaces « klirisées », les bavures sont éliminées sans risque pour notre camouflage), ainsi que sur les jambes de trains et l'intérieur des moteurs. Retour ensuite à la peinture à l'huile et son brossage pour salir un peu plus la zone entre les capots et les fuseaux moteurs. Les hélices et les mâts d'antennes sont mis en place.
La maquette reçoit enfin une couche de vernis mat (Xtracrylics). Il reste à démasquer les vitrages et peindre feux de position et antenne gonio puis coller la portière. Le fil d'antenne en cheveu est doucement mis en place. Vous avez certainement remarqué que depuis leur perçage, je n'ai plus parlé des hublots du nez. Ils sont toujours là, béants, et à l'aide de vernis à ongles transparent (une à deux gouttes à la fois) je réalise avec patience le vitrage. Un léger brossage de poudre de pastel va rajouter un peu de sable africain sur les trains et quelques endroits de l'avion.
Ouf, honnètement je suis heureux d'en avoir terminé avec cette maquette, loin d'être parfaite au niveau du montage je l'avoue. Le camouflage vient avantageusement en masquer les défauts. Confectionner des vitrages fut une première (comme quoi même après 35 ans de maquettisme on en découvre toujours!) et je ne suis pas satisfait du résultat. Il faut dire que le kit est un sacré challenge au départ. Le nez par exemple, que je n'ai pas retouché, m'a toujours paru un peu long mais est ce une impression visuelle ? Ce fut l'occasion aussi de tester cette technique de vieillissement à la peinture à l'huile, qui ouvre des perspectives intéressantes pour des sujets précis (Afrique du Nord, Pacifique, Inde etc...).
Avec ce montage je clos un trio de maquettes AIRFIX de la grande époque (Battle, Lysander, Anson) que j'ai monté avec grand plaisir malgré les difficultés, le travail d'amélioration à apporter et le manque d'intérêt au départ. 5 mois d'efforts pour vous livrer 3 sujets différents et originaux. Pour détendre je retourne à du HASEGAWA!
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