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AMIOT 143
HELLER 1/72
Une coquille vide

amiot 143

    Il fallait avoir du courage, au printemps 1940, pour aller se frotter aux Messerschmitts 109 sur cette espèce d'armoire normande volante qui se traînait un peu au dessus de 200 km/h. Et pourtant nos aviateurs l'ont fait et méritent ce modeste hommage sous la forme de la maquette HELLER. Modèle unique, datant de la préhistoire du maquettisme  (pour nous les « jeunes » de 40 ans ) jamais réactualisé ou repris par une autre marque, nous sommes loin des réalisations actuelles. Il faudra vous contenter de la cellule et absolument rien à l'intérieur, où tout est à créer.
    La chasse à la documentation peut commencer. Je me voyais déjà me plonger dans les vieux fana de l'aviation chez les copains, mais heureusement le magazine REPLIC, une nouvelle fois, va venir à mon secours. Un montage de l'Amiot par Olivier Canon (une référence) est présenté dans le numéro 127, avec des photos de l'intérieur de sa maquette et un photoscope intéressant. Le choix préalable de la future livrée est pour moi l'une des principales motivations dans la réalisation d'une maquette, les décorations sont en principe décidées bien avant la mise en chantier. Les Amiot 143 ont porté plus de livrées qu'on ne le pense, du brun au bleu foncé, avec parfois un mélange des deux ! Dans la continuité de mes appareils aux couleurs de Vichy, j'ai trouvé que les bandes jaunes et rouges iraient bien avec un bleu foncé, surtout en ce qui concerne un appareil utilisé pour le transport en AFN à cette époque.

 

    Le plus gros travail va se dérouler au niveau du fuselage, tant dedans que dehors. En effet, outre l'absence totale de détails intérieurs, l'abondance des vitrages nous oblige effectivement à délaisser toutes les pièces HELLER au profit d'une autre solution.
   La structure interne est réalisée en carte plastique fine et bandes de papier. Du plastique étiré nous permet de représenter le fin montant au milieu de chaque fenêtre latérale. Deux planchers sont à fabriquer, celui du pilote « à l'étage », et celui de la vaste cabine inférieure. Grâce aux photos de REPLIC, ces planchers sont complétés en prélevant certaines pièces dans la boîte à rabiot (sièges, palonnier, boîtiers divers ) ou en les fabriquant avec ce que l'on a sous la main (soute à bombes, câbles, échelle, manches...).
    Supprimons en passant la supposée base de la tourelle avant dans chaque demi-fuselage. En fait le mitrailleur était debout dans le fuselage et ne passait que les épaules dans la tourelle.
    Après avoir ainsi confectionné un intérieur plus conséquent (pas moins de 115 pièces, on ne dirait pas !), ce dernier passe en peinture, opération qui débute avec un fond de « chamois ». En fait j'applique du crème 71 de Humbrol, qui prendra une teinte plus brune lors du vieillissement ultérieur. Les différentes composantes de l'habitacle sont ensuite peintes, mises en valeur par brossage à sec, jus de noir dilué et peinture à l'huile terre de sienne estompée.

    Le temps de séchage des différentes couleurs est mis à profit pour commencer les voilures et les nacelles moteurs. Les rivets des voilures sont vraiment proéminents. Cruel dilemme, poncer or not poncer ? Poncer ! Les rivets disparaissent, les principales lignes de structure sont regravées en creux. Puis ces rivets sont représentés en creux à l'aide d'un clou aiguisé, en suivant les anciennes marques encore visibles. C'est long, fastidieux car il y a 4 demi voilures à traiter ainsi. Avec un petit ponçage au 600, le résultat n'est pas mal, toutefois le nombre de rivets est de 30 % environ inférieur à celui de départ à cause de la dimension de l'outil employé. Tout ce travail terminé, on peut assembler les voilures.
    Passons aux moteurs. Bien que les plaques frontales (au demeurant un peu trop larges mais je n'y ai pas touché car il aurait été difficile d'obtenir des cercles parfaits plus petits) ne laissent pas voir grand chose, il vaut mieux insérer des moteurs à l'intérieur. Ils sont tirés de la boîte à rabiot, peints et mis en place entre les capots. Il reste à rajouter la cloison arrière.

    Le fuselage est fermé. Puis une feuille de rhodoïd fin est collée sur l'avant de façon à représenter d'un seul bloc tous les vitrages (trempez là dans du Klir avant de la coller à la super glue, il n'y aura pas de traces). On évite ainsi les joints disgracieux au niveau des vitrages fournis, sans compter l'amélioration de la transparence. Cette feuille est taillée au niveau de la tourelle avant. Il n'y a qu'à éliminer le joint supérieur entre la feuille et le fuselage, de chaque côté, opération classique que nous savons faire. Pour terminer, du scotch Tamiya, aux dimensions des vitrages, est collé aux emplacements de ces derniers.
    Les rivets sont représentés comme pour les ailes, ainsi que les principales lignes de structure. Les vitrages du cockpit et du poste de tir inférieur sont mis en place, avec un morceau de scotch Tamiya sur chaque vitre en vue de la peinture de l'ensemble. Ceci permet également de mastiquer et poncer les joints de ces pièces avec le fuselage sans avoir peur du malheureux dérapage du papier de verre.

    Il est temps de coller les ailes et les stabilisateurs arrières. Les voilures s'enclenchent dans de profonds logements, solution qui évite du mastic au niveau des joints avec le fuselage. L'action de la colle à cet endroit est renforcée par l'application au pinceau de trichlo (ou acétone à la rigueur) qui agira par capillarité. Après quelques jours de séchage (les pièces sont grosses) on peut passer aux trains d'atterrissage.
    En fonction de la version choisie, il y a présence ou pas des volumineux carénages de roues. Finalement les deux parties des trains s'assemblent sans problème d'alignement, du moment où la jambe reste bien verticale sous le fuseau moteur. Sans carénages, les roues peuvent déjà être collées, elles restent accessibles pour une peinture ultérieure.

    Retour aux parties vitrées, avec la verrière du poste de pilotage, en deux parties mais le joint se confondra avec un montant, donc pas de panique ! Les vitrages proposés par HELLER ne semblent pas correspondre avec l'avion réel, comme on le remarque d'ailleurs aussi sur la maquette montée dans REPLIC. Un soigneux ponçage à l'abrasif ultra fin, couplé à un bon polissage, redonnera sa transparence à la canopée, sur laquelle des morceaux de scotch Tamiya aux dimensions ad hoc cacheront les futures vitres, ne laissant que les montants à peindre. La même méthode est appliquée aux tourelles dorsales et du nez. Le même rhodoïd fin utilisé pour les vitrages latéraux est à nouveau mis à contribution pour nous donner les planchers vitrés inférieurs. Ces derniers possèdent à l'intérieur un treillis métallique. Il est simplement réalisé en collant au vernis brillant des morceaux parallèles de plastique étiré. Ce qui dépasse est taillé et le tour est joué.
Sur les bords d'attaque des voilures, un trou est pratiqué à l'aide d'un petit foret, on y insère un morceau de grappe transparente. Après séchage on coupe l'excédent et on intègre le feu par ponçage / lustrage. Une goutte de Maskol le protègera pendant la peinture.
    Malgré le risque, les deux antennes latérales de nez (tubes pitots) sont mises en place. Les mâts d'antennes Heller sont conservés, le reste sera plus tard fixé, mais en étiré par souci de finesse. Les diverses tringleries et rappels de gouvernes sont montés sur et sous les ailes principales. Ces derniers, de forme triangulaires, sont en fait les supports de bombes proposés par Heller. D'autres supports plus réalistes (provenant d'un Ju 88 Italeri) les remplaceront.

    Le moment de la mise en peinture approche. Les logements des tourelles déjà nommées sont obturés à l'aide de mouchoir en papier ou de sopalin, les vitrages inférieurs sont masqués et à l'aide d'une pointe d'aiguille on repasse TOUS les rivets en creux, dans lesquels la poussière de ponçage, entraînée par l'eau, a eu tendance à s'accumuler. Des masques viennent protéger toute la queue de l'avion (stabilisateurs compris)

    Il y a des fanas de la couche d'apprêt qui permet de mettre en évidence les quelques ultimes défauts de surface. Si j'adhère à ce point de vue en ce qui concerne des appareils de couleur claire (ou de teinte métallique à plus forte raison), ce n'est pas la peine de perdre du temps pour notre décoration bleu foncé.
De même pour le type de peinture, s'il est vrai que je bascule au fur et à mesure vers l'acrylique (Tamiya ou Gunze), travailler à la Humbrol est toujours un plaisir tant qu'il m'en reste (malgré les vapeurs de white spirit lors de l'application à l'aérographe !). Restons classique, le fameux bon vieux bleu nuit 15 passe plutôt bien (certains le trouveront encore peut être un peu clair), et en 2 couches à 24h d'intervalle (quand on a 250 maquettes à faire, le facteur temps est moins important, pendant que ça sèche on en attaque une autre !), l'appareil change déjà d'aspect. Mais dès à présent on note une certaine uniformité que j'ai voulu à atténuer en passant en marron un aileron et le réservoir droit de bord d'attaque. On supposera ainsi un remplacement de ceux-ci par prélèvement sur un appareil au camouflage marron.

    L'arrière de l'avion et les capots moteurs, que nous avions laissés dans un chapitre précédent, reçoivent une sous couche de blanc, puis deux de jaune. Par masquage au scotch Tamiya, il faut réaliser les bandes rouges ainsi que le drapeau tricolore de dérive. On peut alors coller les moteurs en place. Au niveau des voilures, les fuseaux moteurs sont peints dans un premier temps en gris (Humbrol 64), puis définitivement en aluminium mat (Humbrol 56). Tout le reste du travail de peinture permet de traiter au pinceau les mâts des stabilisateurs arrières, les flasques des roues, les pneus …
    Avantage de notre décoration : l'avion est déjà brillant, donc prêt à recevoir les décalcomanies. Les cocardes d'origine sont conservées pour les ailes, ainsi que les gros codes d'intrados (bon, le numéro ne correspond pas, je sais, mais ça ne se voit pas !) et les inscriptions du drapeau de dérive, sur lesquelles on veillera à faire correspondre le numéro choisi sur le fuselage qui, lui, se voit. Ce dernier est complété par une cocarde aux bonnes dimensions (cerclée de blanc ) et d'une longue barre blanche (cocardes et barres tirées de la boîte à rabiot).
   
    Retour sur les moteurs, munis en réalité de deux types d'échappements. Les appareils qui nous intéressent, au vu des photos, sont en principe munis de blocs carrés (une dizaine, répartis sur la circonférence). Pour nous cela se traduit par des carrés de plastique striés, de 3 mm sur 3, peints en rouille (Humbrol 70). Tout cela est collé en place avant que tout l'avion reçoive une couche de vernis acrylique satiné. Petite frayeur suite à cette application : les grandes cocardes d'ailes qui s'enroulent sur elles mêmes ! Avec calme, il a fallu ressortir l'assouplissant Micro Sol et aplatir tout cela.

    Le travail de vieillissement qui suit fait passer notre œuvre de l'état de jouet à celui de maquette. Il faut en effet casser cet aspect trop propre de l'avion, surtout avec une peinture brillante. Les 5 étapes sont :
-éraillures de couleur « argent » ou mieux encore « chrome » au petit pinceau sur les surfaces et en brossage à sec sur les bords d'attaques
-passage à la pointe graphite des lignes de structure (l'avion a beau être sombre, cela se voit)
-application de peinture à l'huile (terre de sienne) dans tous les creux et le long des lignes de structure. De petites touches de couleur sont déposées à l'aide d'un tout petit pinceau 000 et immédiatement brossées avec un autre pinceau 00, ce qui donne des traces plus mates sur le camouflage brillant. Le même procédé est utilisé sur de plus larges espaces pour les traces d'échappements. Attention, la peinture à l'huile est très longue à sécher.
-application de jus de noir au niveau de toutes les charnières de gouvernes et des pipes d'échappements carrées.
-brossage des roues à sec avec de la poudre de pastel couleur sable, aussi appliquée à certains endroits de l'avion, et touche finale en pastels noir + brun sur les traces d'échappements.

    On s'approche de la fin des hostilités. Les fines hélices (on se demande comment ça pouvait faire avancer un avion de ce gabarit !) sont « sous-couchées » en gris 64 et peintes en alu mat 56, puis installées. Histoire de personnaliser encore un peu plus la maquette, puisque l'appareil est utilisé en Afrique de Nord, j'ai peint en blanc les deux larges vitrages supérieurs à l'arrière de la verrière, artifice sensé épargner un peu de chaleur à l'infortuné pilote. Le reste n'est qu'une histoire d'antennes (plastique étiré pour les pitots de part et d'autre de l'avant du fuselage, fil de cuivre peint en argent pour l'antenne gonio supérieure, cheveu entre le mat de cabine et la dérive, antennes sous une aile), de nettoyage des vitrages avant de déposer du Klir pour qu'ils soient bien brillants, et de feux de position proéminents en bout des bords d'attaques.

 

    Après deux mois et demi d'efforts, représentant environ 70 heures de travail pour ceux qui aiment les chiffres, nous voici arrivés au bout du chemin. L'Amiot 143 a rejoint quelques camarades en vitrine. Le camouflage bleu convient particulièrement à cet appareil, qualifié à son apparition de « chef d'oeuvre de l'architecture médiévale »! Les bandes de Vichy ajoutent un plus non négligeable au niveau visuel. Extrêmement basique au départ, la maquette a subi d'importantes améliorations en vue d'une remise à niveau. Les deux points les plus visibles sont le nouvel intérieur et l'aspect du rivetage extérieur.
    Mais voici un sujet original sur notre Armée de l'air :  un avion conçu dans les années 30, qui a connu les combats de 40 malgré de pauvres performances, mais dont les deux derniers exemplaires utilisés pour le transport furent ferraillés en 1944.
     Un Potez 540 se profile déjà à l'horizon, mais auparavant je vais me détendre avec quelques maquettes Hobbyboss !

 

 

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Maquette réalisée par Laurent Moreno

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